Boucheries à l’affiche.

Boucheries à l’affiche.

Frontière(s)Frontière(s) est un thriller d’horreur sorti voici quelques jours, dont les affiches inondent mon parcours pour me rendre au taf.

Pour ma part, je n’ai rien contre le gore au cinéma, c’est un sous-genre qui a fait ses preuves, avec des films parfois étonnants à l’instar de Trouble Every Day ou la série déjantée des Saw. Je ne suis pas client, j’éprouve même un certain malaise à leur vision lorsqu’il m’en tombe un par hasard sous le nez, mais je ne critique ni leurs faiseurs, ni leur public.

Là toutefois, ce n’est pas du film dont je veux parler, je ne l’ai pas vu, mais de l’affiche. Reprenant un procédé cher à « Voici », qui a fait de la publication des jugements à son encontre une forme de publicité, l’équipe chargée du marketing à la production d’Europacorp, la boite de Luc besson, nous a extrait un avis de la commission de classification (les gens qui décident si votre film est tout public ou pas) pour en faire le thème dominant de son affiche. On y insiste lourdement sur le réalisme des scènes de boucheries (au pluriel, notez-bien).

Et c’est bien là ce qui me gratte à contresens du poil. On fait la promo du film en flattant la curiosité la plus vile de l’éventuel spectateur, un peu comme lorsqu’on exécutait les condamnés à mort en place publique sous l’oeil torve d’un public excité par le sang. Et ça ne dérange personne . Pas la moindre association bien-pensante qui ne menace le film d’un procès, pas le plus petit entrefilet qui mentionne le côté malsain de cette forme de publicité. Rien, nada, néant.

Qu’on se souvienne de l’interdiction de Baise-moi, des ennuis de Costa-Gavras à propos de l’affiche d’Amen. Là ma foi, il y avait du cul-béni pour s’offusquer, de la bonne bourgeoisie chrétienne offensée, mais apparemment, la grenouille de bénitier n’est pas dérangée par l’apologie de la violence.

Je m’interroge sur l’état de santé mentale d’une société qui prône librement le massacre sur ses murs pour en faire un argument de vente sans que quiconque s’en émeuve. (Et rien que de me poser la question, jvais encore me faire traiter de gauchiste)

5 COMMENTAIRES

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Pauline

J’ai vu cette affiche et j’ai eu à peu près la même pensé que toi… Je ne sais pas si tu connais cet auteur, Ruwen Ogien, mais ses écrits te plairait sans doute. J’ai lu Penser la Pornographie, très intéressant; il a écrit aussi La liberté d’offenser- pas encore lu, mais ça reprend visiblement de questions abordées dans Penser la Pornographie.

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Wilfried

Verre vide ou verre plein ?

En voyant cette affiche, je ne m’interroge pas sur l’état mental de la société actuelle. Après tout, elle fait ce qu’elle veut la Société ! Libre aux individus qui la compose (A la MAJORITé des individus qui la compose) de réagir ou pas.

En voyant cette affiche, je ne m’interroge pas sur ce qu’ont dit/fait les « ligues de vertu » hier (L’affaire « Baise-moi » & Co) – Verre vide.

En voyant cette affiche, je me dis qu’il y a là un fait avéré, que la non-réaction des « ligues de vertu » constitue un précédent, et que ces mêmes « ligues » seraient bien hypocrites de la ramener lors du prochain « Baise-moi » – Verre plein.

Evidemment là, j’élude tout le débat sur la censure, la fameuse comission… Mais, dans un commentaire, on ne peut pas tout faire.

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Stéphanie

Moi elle ne me dérange pas cette affiche, elle annonce la couleur. Après tout, tout le monde sait qu’il existe des films où l’on arrache des ongles, brûle des paupières, s’ampute des pieds, etc. et qu’il y a un public pour cela. En ayant consommé un bon paquet, comme on consomme des chips à la tomate, je considère que la plupart ne sont pas véritablement dérangeants moralement : certes il y a de la viande et de la crasse, de la cervelle et des moignons, mais un film gore reste avant tout un film d’horreur, et nous donne l’illusion d’être plus courageux et aussi quelques frissons et autres beurks. La plupart du temps, la motivation du bourreau est simpliste et caricaturale (je vais t’apprendre à aimer la vie, j’habite dans l’Amérique profonde, j’ai travaillé dans une boucherie étant petit, je suis né dans une zone radioactive).

Pour moi, cette affiche fait sa propre mauvaise pub, c’est un simple aveu de manque total d’imagination et de frustration de ne pouvoir montrer des morceaux d’humains et des machoires édentées… Franchement, qui a envie d’aller voir un film qui n’a rien trouvé de mieux pour se raconter que de citer la commission de classification ? Si le même procédé était appliqué pour des films d’un autre genre, ce serait ridicule. Quand j’ai lu que c’était une production Europacorp, je n’ai pas été surprise, Luc Besson n’est pas connu pour donner dans la finesse… Tiens à propos, je ne sais pas si vous avez remarqué, il y a invasion de yamakasi dans les fims américains en ce moment (Casino Royale et Die Hard 4).

Le film gore qui m’a le plus dérangée dans le genre c’est Hostel, car les images et les scènes de torture, pour le coup vraiment insupportables, servent le propos qui est celui de la perversion et du sadisme humain, mis à portée des grosses bourses. On frémit plus d’une fois, car cette histoire, contrairement aux autres, nous semble d’un coup tout à fait réaliste et on se demande comment un histoire aussi tordue a pu naître dans l’esprit d’un scénariste, et surtout convaincre des producteurs, et arriver sur nos écrans.

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Pepite2choco

C’est tout de même moins choquant qu’une affiche contre le sida où deux hommes font des galipettes, NUS (oh mon Dieu!!) dans un lit…
Je précise que c’est de l’ironie? XD

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Pepite2choco

Ou non, pire, c’est que deux mecs en t-shirt et caleçons qui dorment pour une pub de matelas à fait un taulé chez les bien pensants!
J’avoue que pour ton affiche, j’avoue ne pas trop y avoir réfléchit. Ce qui prouve justement que ça ne choque plus… Et que c’est bien dommage!

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