Internet torpillé par l’Europe
Tout entiers le nez tourné vers le nombril national, et la politique catastrophique voulue par le chef de l’état et implémentée jour après jours à coup de rafles, de déclarations méprisantes, de déni de la parole donnée, et autres joyeusetés qui nous ramènent au plus belles heures des dictatures allemandes ou russes du siècle dernier, on oublie quelquefois de jeter un oeil à ce qui se fait au niveau européen. Et on a tort.
En ce moment, au parlement européen, se joue rien moins que l’avenir de l’internet tel que nous le connaissons, et, si rien n’est fait, d’ici la fin de l’année nous pourrions voir le paysage changer radicalement.
Lundi dernier, le 7 juillet, les commissions IMCO et ITRE du Parlement européen ont voté sur le projet de réforme du droit européen des communications électroniques, dit Paquet Télécom, et ont adopté une série d’amendements, qui pris individuellement n’ont l’air de rien, mais qui quand on les rapproche ont plusieurs effets pervers.
Concrètement l’adoption de ces amendements, glissés sournoisement dans ce vote où ils n’avaient pas grand chose à faire, permettraient à des autorités administratives de chacun des état membres de décider quels logiciels seraient autorisés pour accéder à ‘internet, en imposant en outre de la part des développeurs que ces logiciels comportent ‘certaines fonctionnalités’.
Si ces directives sont adoptées le 2 septembre en séance plénière, elle entreraient en application d’ici la fin 2008, et alors là, nous pouvons commencer à numéroter nos abattis.
Sous couvert de sécurité, de lutte contre le terrorisme, de lutte contre le piratage, je vous passe la liste des motifs habituels invoqués par nos édiles, c’est tout l’édifice du logiciel libre qui se trouve ainsi mis en péril.
Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas informaticiens, le logiciel libre, est un logiciel dont le code source est mis à disposition de tout un chacun, libre à chacun de l’éditer, triturer, recompiler, pour l’adapter à ses propres besoins. Firefox par exemple, est un logiciel libre typique, dont le succès n’est pas a démontrer.
Mais comment imposer ‘certaines fonctionnalités’ (soyons clairs, on parle ici de mouchards intégrés au programme, destinés à tracer l’activité de l’utilisateur, voire à l’empêcher) à un logiciel dont par essence tout le monde peut modifier la source ? On ne peut pas, et donc, la solution simple est de l’interdire, ou plus exactement d’imposer aux FAI d’empêcher que le trafic généré par ces logiciels puisse aboutir.
Ça vous ne vous effraie pas encore ? Parce que moi ça me fout les chocottes. L’Europe est en train de dessiner au travers de ces amendements un Internet à côté duquel le cyber-espace chinois commence à ressembler au Club Med. Si ces directives sont adoptées, on va vers l’extinction du libre en Europe, vers le fliquage généralisé, le contrôle absolu des contenus de vos ordis… Ça vous paraît une perspective engageante ? Non, à moi non plus.
Je n’ai pas tellement l’habitude de lancer des appels à mes 14 lecteurs recensés, mais ce serait bien que vous relayiez cette info, avec les liens dessous. Il ne reste pas beaucoup de temps pour essayer d’influer sur l’issue de ce vote, mais si demain, vous voulez pouvoir blogger avec un soft qui ne filtre pas le contenu de vos articles (ou ne va pas les signaler avec un petit drapeau rouge dans quelque bases de données recensant des gens susceptibles d’émettre des opinions contraires à la pensés unique), si vous ne désirez pas que chacune de vos activités sur Internet puisse à terme être tracée en temps réel, si vous ne désirez pas utiliser des logiciels « approuvés par le gouvernement », il faut faire quelque chose maintenant.
Et ce quelque chose ça consiste à écrire à vos euro-députés, en protestant, en expliquant… La quadrature du Net donne les listes de députés à contacter et leurs emails, des modèles de lettres et des conseils.
Voilà les liens utiles :
- Comment agir
- Call for action on Telecom package en anglais sur le site de la FFII
- Préparation de la décision politique : le trop-plein de corruption (une analyse détaillée du lobbying qui a conduit à ce problème)
- l’analyse des amendement examinés
- le flux RSS de la quadrature du net pour rester au courant
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