Boucheries à l’affiche.
Frontière(s) est un thriller d’horreur sorti voici quelques jours, dont les affiches inondent mon parcours pour me rendre au taf.
Pour ma part, je n’ai rien contre le gore au cinéma, c’est un sous-genre qui a fait ses preuves, avec des films parfois étonnants à l’instar de Trouble Every Day ou la série déjantée des Saw. Je ne suis pas client, j’éprouve même un certain malaise à leur vision lorsqu’il m’en tombe un par hasard sous le nez, mais je ne critique ni leurs faiseurs, ni leur public.
Là toutefois, ce n’est pas du film dont je veux parler, je ne l’ai pas vu, mais de l’affiche. Reprenant un procédé cher à « Voici », qui a fait de la publication des jugements à son encontre une forme de publicité, l’équipe chargée du marketing à la production d’Europacorp, la boite de Luc besson, nous a extrait un avis de la commission de classification (les gens qui décident si votre film est tout public ou pas) pour en faire le thème dominant de son affiche. On y insiste lourdement sur le réalisme des scènes de boucheries (au pluriel, notez-bien).
Et c’est bien là ce qui me gratte à contresens du poil. On fait la promo du film en flattant la curiosité la plus vile de l’éventuel spectateur, un peu comme lorsqu’on exécutait les condamnés à mort en place publique sous l’oeil torve d’un public excité par le sang. Et ça ne dérange personne . Pas la moindre association bien-pensante qui ne menace le film d’un procès, pas le plus petit entrefilet qui mentionne le côté malsain de cette forme de publicité. Rien, nada, néant.
Qu’on se souvienne de l’interdiction de Baise-moi, des ennuis de Costa-Gavras à propos de l’affiche d’Amen. Là ma foi, il y avait du cul-béni pour s’offusquer, de la bonne bourgeoisie chrétienne offensée, mais apparemment, la grenouille de bénitier n’est pas dérangée par l’apologie de la violence.
Je m’interroge sur l’état de santé mentale d’une société qui prône librement le massacre sur ses murs pour en faire un argument de vente sans que quiconque s’en émeuve. (Et rien que de me poser la question, jvais encore me faire traiter de gauchiste)
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