Juno
Juno, est le dernier film de Jason Reitman, qui s’était déjà distingué par ailleurs par le vaguement controversé Thank you for smoking. On ne peut pas reprocher à Jason Reitman de faire des films ennuyeux, ni même de choisir des sujets faciles. Et de fait Juno est un petit film plutôt sympathique. Ellen Page, remarquée dans Hard Candy, qui incarne le rôle titre y est charmante, Jennifer Garner (dont j’ai dit par ailleurs le bien que je pense d’elle), fragile et émouvante… Qu’est-ce donc qui me fait trouver un petit arrière goût aigre-doux à ce film ?
Ah, c’est peut-être l’argument en fait : une fille de 16 ans, décidée à perdre sa virginité, se retrouve enceinte, et plutôt que de se débarrasser de l’encombrante conséquence, décide de garder le bébé et de le donner à une famille désireuse de l’adopter. On la suit donc depuis ses premiers tests de grossesse jusqu’à l’accouchement.
Et curieusement tout se passe bien :
- l’annonce à ses parents se fait sans le moindre drame, à peine s’ils tiquent,
- la famille adoptive qu’elle trouve en trois secondes dans une petite annonce de gratuit, est aisée, et elle se découvre avec eux nombre d’affinités,
- c’est à peine si sa grossesse se remarque au lycée qu’elle fréquente, (du reste, aucune scène pénible d’ostracisme quelconque n’y est montrée explicitement, à peine si elle évoque qu’on la regarde bizarrement)
- et d’ailleurs c’est à peine si elle est malade, prends du poids ou subit les petits inconvénient dûs à son état, restant pimpante tout du long,
- et enfin, le père de son bébé, finalement un bon garçon, s’avère être son véritable amour.
En somme, on voudrait nous laisser penser, qu’une grossesse à 16 ans, ce n’est pas si grave, que l’avortement, n’est pas une solution envisageable (il n’y a qu’a voir la scène de la clinique au début du film, où elle est reçue dans un lieu respirant la saleté par une réceptionniste aux allures de punk et multiples piercings).
Je veux bien qu’on me prenne pour un abruti au cinéma, c’est même le principe, s’immerger dans une fiction, même invraisemblable, et en tirer plaisir. Mais on ne me fera pas croire une seconde que ce film n’est pas sous-tendu par une propagande subtile en faveur des mouvements pro-life, ce qui a le don de m’agacer prodigieusement. Pas tellement les pro-life en soit, ils ont leurs opinions, grand bien leur fasse, mais la propagande assénée en sous-main, dans un film, je le répète, tout à fait regardable dans le genre comédie dramatique légère et bien enlevée. J’aime bien être prévenu lorsque je vais voir un film qui défend des opinions politiques, pas me faire prendre par surprise.
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