Charlie, ou comment ça pue de la gueule.
Charb par Thierry Ehrmann
Alors voilà, ça y est on l’a enfin notre 11 septembre à nous. Depuis le temps que les américains nous faisaient chier avec leur grand deuil national, et qu’on avait rien à leur répliquer, qu’il nous manquait ce magnifique prétexte pour enfin faire voter les “lois qui s’imposent” et faire fermer leur sale gueule à tous ces gauchistes au nom de l’union nationale et de la liberté d’expression (tiens faire fermer ça gueule à quelqu’un au nom de la liberté d’expression, c’est un peu contradictoire, mais bon, on ne va pas s’arrêter à ces détails).
Putain, ces affreux terrorislamiste, quelle belle occaze. On va enfin pouvoir imposer les lois dont on rêve depuis des années, foutre une bonne fois un terme à la liberté, imposer les caméras de surveillance (pardon, les mesures de vidéoprotection) jusque dans les chiottes. Droite et gauche tous unis mouillent leur slip en bavant à l’idée.
Il a fallu quoi ? 10 minutes entre la fusillade chez Charlie et les premières insanités germant dans la tronche des spin-doctors ? Allez je vais être généreux, un bon quart d’heure.
En attendant, martelons, martelons jusqu’à la plus totale hébétude des masses, le musulman, c’est un terroriste, c’est sur. On ne vas pas le dire comme ça bien entendu mais on va insidieusement répandre l’idée, le faire dire à d’autres, on peut enfin tout se permettre, tout justifier, on ne va pas se gêner.
Quand on aura fini d’exploiter le filon, avec du bol on aura fait admettre le code barre tatoué dans le cou et la puce RFID implantée dans le gras du bide.
Et tant pis sis les pauvres mecs qui sont morts sous les balles des autres pauvres cons exploités auraient gerbé leurs tripes à voir ce battage, on s’en fout, ils sont crevés ces bâtards, bon débarras, ils viendront pas protester, pas plus que les emmanchés qui les ont butés, ceux là on n’allait pas les parader vivants, ils auraient pu dire des trucs qui cadraient pas. Putain le doublé gagnant gagnant de rêve, On peut faire dire tout ce qu’on veux à des cadavres qu’ils soient les victimes ou les meurtriers.
Allez les gars, on peut se lâcher, les droits-de-l-hommiste n’auront qu’à la boucler, ils peuvent rien oser dire. Tu te rends compte on peut faire passer des trucs que le borgne oserait même pas murmurer en privé ?
Je vais vous dire… Toute sensation de dégoût et de malaise éprouvée à la lecture des actualités politiques (ou pas) depuis les massacres en question ne serait pas complètement fortuite.
PS : ce billet est dédicacé à cette bouffonne de Nathalie de St Cricq, qui voudrait “traiter et repérer ceux qui ne sont pas Charlie”. A cela ma bonne dame, je te rétorquerai que la liberté d’expression ça s’use que si on ne s’en sert pas.