Tricard au troquet
Eh bien voilà. Un peu plus d’une semaine que l’interdiction du tabac est devenue définitive dans les bars/restaus, etc… Une chose est certaine, je ne consomme pas moins de tabac qu’auparavant et je n’ai pas davantage l’intention d’arrêter le tabac qu’une semaine plus tôt. En revanche, depuis que le décret d’application de cette loi scélérate est devenu effectif, la chose que j’ai arrêté c’est le troquet.
J’avais pour habitude le soir de poser mes fesses à une table sympathique avant de rentrer chez moi, histoire de consommer une bière en fumant tranquillement une ou deux clopes et en lisant un ou deux chapitres du bouquin en cours. Peut-être discuter avec le patron ou un des clients, bref socialiser gentiment, sans implication particulière. C’est fini, au moins jusqu’à ce qu’au printemps la terrasse redevienne accessible pour ce genre de sport. (oui, je sais, je fume, je bois de la bière, et aussi du café, et je ne fais pas de sport, et je mange du chocolat, et par dessus tout j’emmerde les ayatollahs de l’hygiénisme qui voudraient régenter la façon dont je prend ou ne prend pas soin de moi. La vie ça tue tôt ou tard, je ne vois pas pourquoi je me ferais chier en attendant l’heure fatidique, et à quoi bon la prolonger de quelques années si c’est pour vivre tristement dans le déni des plaisirs qu’on peut en tirer ?)
L’autre jour, un ami m’a convié à boire un verre place de la Bastille, aux alentours de 20 heures. C’eut été drôle si ce n’était pathétique : les terrasses, ouvertes mais chauffées, des bars étaient prises d’assaut, tandis qu’à l’intérieur, les tables vides étaient légion. Et on parle ici d’un des hauts lieux de sorties parisiennes. Je préfère éviter de penser à ce que ce doit être dans des quartiers moins prisés, et je plains les patrons d’estaminet, condamné à attendre l’eldorado de ces nouveaux clients aux dents blanches, resplendissants de santé, responsables de leur corps dans les moindres détails
Mais finalement, au moins pour moi, avec les économies que je vais réaliser en n’allant plus dans les bars, et en évitant les restaurants, je vais me financer au moins une cartouche de cigarette par mois, c’est toujours ça de pris.