La température de la patate
J’avais jusque là réussi à échapper à cet exercice commun à la blogosphère, « rédige un billet selon tel et tel termes », manque de bol, à force de ratiociner de-ci, de-là, de commenter à tort et à travers en laissant mon adresse, de bavasser dans des chats peu avouables (du moins à certains de mes lecteurs, y’a des petits là bas qui lisent), j’ai fini par me faire rattraper par le jeu, et ce matin, en lisant un billet chez bàb, je me vois en toute lettre cité comme l’un des destinataires de la chaîne blogosphérique suivante :
Pourquoi je blogue, en cinq réponses.
Tu parles d’un cadeau. Nous voici revenu sur les bancs de la primaire, « raconte tes vacances en deux pages ». Déjà à l’époque je débordais. Je n’ai jamais su faire court. Je suis capable de partir sur le sujet grave du pourquoi je blogue en 5 réponses, et avant d’y arriver de faire un détour par Kodjoviakopé (un bien agréable quartier de Lomé pour ceux qui connaissent, et pour ceux qui connaissent pas tant pis pour vous, sortez vos googles maps (on voit pas grand chose sur la photo satellite, c’est comme ça, zavez qu’à y aller), ça vous permettra de situer). En tous cas, ça nous fournit déjà un élément de réponse : lorsque je me colle au clavier dans l’intention d’écrire, je suis rapidement atteint de logorrhée m’en veuillez pas, c’est intentionnel, et ça m’amuse.
Ah oui, la réponse numéro deux alors : ça m’amuse. Que je peste contre un politicard foireux (là vous faites votre choix, y’en a pas des masses à trouver grâce à mes yeux, prenez en un que vous détestez, y’a des chances que moi aussi, comme ça nous sommes d’accord et vous pouvez poursuivre votre lecture en toute quiétude avec le réconfortant sentiment que vous partagez mes opinions, ce qui vous met dans de bonnes dispositions à mon égard, et c’est bien normal, c’est le but recherché, jveux qu’on m’aime) , ou que je commente un film (que j’ai aimé ou pas, c’est pas le problème, encore qu’il soit souvent plus drôle de dire du mal que de dire du bien, c’est bien connu), me coller devant mon clavier à déblatérer ou à ciseler (si, si ça m’arrive de ciseler, même si on ne le dirait pas à lire ce billet) , me rempli d’aise. Je vais souvent me prendre un fou-rire tout seul en écrivant quelque chose. Et le rire, c’est une évidence, c’est bon pour l’âme.
Nos lecteurs attentifs (enfin ceux qui sont encore là, que le cheminement tortueux de ma pensée, les 36 parenthèses imbriquées (technique que je revendique avoir piqué à Jaenada, sans aucun remords, lui il les a piquée au langage LISP (là j’en vois déjà qui googlent pour savoir ce que c’est) et donc je vois pas pourquoi je me gênerait) n’ont pas encore découragés) auront remarqué que j’ai lâchement glissé la troisième raison en plein milieu du paragraphe précédent. Ai-je vraiment besoin de développer ? Si ? Vous êtes impitoyables. Ben oui, c’est tout simple : je m’amuse, et ce faisant j’espère en amuser d’autres, qui me le rendront alors sinon par un amour débordant du moins par une marque de sympathie de temps à autre (comme la patate ici présente, merci bàb, jeme demande si finalement c’est une aussi bonne raison que ça).
Bien entendu il y a aussi là-dessous un certain narcissime. D’aucun vont me trouver fat, mais j’aime bien me relire, de préférence quelques mois (voire années) après. Je suis encore mon lecteur le plus fidèle, et mon seuil critique à mon égard est particulièrement bas. L’autre jour je suis retombé sur un billet, publié sur un forum il y a deux ou trois ans, et je me suis moi même pété de rire, en m’envoyant au passage des fleurs. (Ça vaut toujours mieux que d’en espérer de la part d’autres sans les recevoir…).
Et finalement (parce que là on arrive à cinq), parce que j’aime bien râler, gueuler, protester, vilipender, encenser (plus rarement vous l’aurez compris), partager mes émois (légitimes colères et coups de coeur), à la face d’un monde qui n’en a cure mais ça me soulage.
Voilà nous avons nos cinq raisons, et la patate, je la refile à H.A , Jesrad, Pauline et s-entielle, parce qu’il n’y a pas de raison que ce soit que moi qui m’y colle nan mé !
(ps : l’image qui illustre ce billet provient de Linux-france.org)